Le budget fédéral 2021 et les immigrants
June 2, 2021Le budget fédéral 2021 prévoit d’octroyer plus de 800 millions sur cinq ans pour l’immigration. La majorité de ce budget (430 millions) est dédiée à l’amélioration des services IT afin d’appuyer le processus de demande d’immigration et 233,8 millions vont à l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). Environ 111 millions serviront aux résidents temporaires, et 15 millions aux immigrants permanents pour élargir l’Initiative pilote pour les nouvelles arrivantes appartenant à une minorité visible.
Résidents temporaires
Soixante-quinze pourcent (75%) de la croissance nette du PNB en 2019 sont attribués aux résidents temporaires mais pourtant ils font face à des défis importants quant aux voies d’accès viables au statut de résident permanent. Injecter environ 11 millions dans les domaines suivants est un bon début pour le gouvernement mais il y a encore beaucoup de chemin à faire afin d’assurer l’équité pour ce groupe.
- 49,5 millions sur 3 ans, débutant en 2021‒2022, à Emploi et Développement social Canada, pour appuyer les organismes communautaires dans la livraison de programmes et services axés sur les travailleurs étrangers temporaires (TET), comme des services d’orientation à l’arrivée et de l’aide dans des situations d’urgence et de risque, via le nouveau Programme d’appui aux travailleurs étrangers temporaires.
- 54,9 millions sur 3 ans, débutant en 2021‒2022, à EDSC et IRCC, pour augmenter les inspections des employeurs et s’assurer que les TET disposent de conditions de travail et d’un salaire appropriés.
- 6,3 millions sur 3 ans, débutant en 2021‒2022, à IRCC, pour appuyer un processus de traitement des demandes plus rapide et une meilleure livraison des services pour les permis de travail ouverts pour les travailleurs vulnérables, qui aident les TET à trouver un autre emploi quand ils sont dans des situations d’abus.
Immigrants récents et établis (résidents permanents)
Les immigrants continuent d’être le principal moteur de la croissance démographique canadienne, représentant 1 travailleur sur 4 et plus de 20% de la population actuelle du Canada. Seulement quelque deux pourcent (15 millions) ont été alloués à ce groupe sur deux ans débutant en 2021‒2022. Cet argent ira à IRCC pour élargir l’Initiative pilote pour les nouvelles arrivantes appartenant à une minorité visible, ce qui continuera à améliorer leur situation d’emploi et l’avancement de leur carrière. Ce qui manque c’est une approche stratégique pour s’assurer que les problèmes et structures existants qui marginalisent et poussent les immigrants dans la pauvreté et l’insécurité quant au logement soient résolus.
Comme le rapport l’Institut de recherche en politiques publiques « ces 30 dernières années, cependant, l’écart de faible revenu entre les immigrants et les personnes nées au Canada n’a pas diminué. Au contraire, le taux de faible revenu relatif chez les immigrants récents est passé de 1,4 fois par rapport aux nés au Canada en 1980 à 2,4 fois par rapport aux nés au Canada en 2000, et il ne s’est pas amélioré pendant les années 2000, même si le taux de faible revenu chez les immigrants a décliné ». Les immigrants racialisés au Canada représentent 54% de tous les immigrants au pays et 71% de tous les immigrants vivent dans la pauvreté malgré leur participation à la maison d’œuvre. Ce problème ne peut pas rester sans réponse.
Par ailleurs, Innovation, Sciences et développement économique Canada (ISDE) dans son rapport intitulé Profil des PME : Les entreprises canadiennes en démarrage – Perspectives fondées sur les résultats de l’Enquête sur le financement et la croissance des petites et moyennes entreprises de 2014, septembre 2018 indique que « [L]es propriétaires immigrants ou appartenant à une minorité visible étaient plus susceptibles d’avoir une entreprise en démarrage que les non‐immigrants ou les propriétaires n’appartenant pas à une minorité visible » mais qu’ils faisaient cependant face à plus de barrières pour croitre.
Le gouvernement a mis l’accent sur le soutien aux entreprises mais une optique d’équité n’a pas été utilisée pour les propriétaire immigrants d’entreprises afin de comprendre ce dont ils ont besoin pour continuer leur contribution à la société canadienne ou les répercussions de la COVID-19 sur les entreprises d’immigrants. Il s’agit d’une opportunité ratée du budget fédéral 2021.