Les barrières à l’emploi pour les immigrants
June 2, 2021Par Bolanle Alake-Apata
Les immigrants canadiens font face à de nombreuses barrières et à plusieurs problèmes, non seulement pour rentrer sur le marché du travail, mais aussi pour faire avancer leur carrière au même rythme que les personnes nées au Canada. À chaque même niveau d’éducation, les immigrants tendent à connaître des taux de chômage plus élevés comparés aux personnes nées au Canada. De la même manière, des recherches précédentes ont identifié un écart dans les revenus entre les étudiants canadiens et les étudiants internationaux l’année suivant l’obtention de leur diplôme universitaire. Étant donné ces faits avérés, on peut s’inquiéter que la pandémie ait un effet négatif important sur les résultats d’emploi des immigrants. C’est la raison pour laquelle cet article examine le taux d’emploi des immigrants avant et pendant la pandémie. Cependant, étant donné le manque de renseignements disponibles publiquement sur le marché du travail (RMT) concernant différents groupes d’immigrants (i.e. résidents non permanents), l’analyse ne porte que sur les immigrants reçus.
Une boite de chocolats : de bonnes et de mauvaises nouvelles
Nous utilisons les données de l’Enquête sur la population active (EPA) qui identifie les immigrants reçus (i.e., les personnes ayant le statut de résident permanent) et les personnes nées au Canada. Ces catégories excluent les citoyens canadiens nés à l’étranger et les résidents non-permanents comme les étudiants internationaux et les travailleurs temporaires. En utilisant la moyenne mobile sur trois mois de l’EPA, on voit que le taux d’emploi pour les personnes nées au Canada est généralement plus élevé que celui des immigrants reçus. Cependant, dans les dernières années, l’écart d’emploi s’est réduit et s’est même refermé avant la pandémie de COVID-19 (voir schéma 1). En avril 2006, le taux d’emploi des immigrants reçus était de 57% alors que celui des personnes nées au Canada était beaucoup plus élevé à 63%. En avril 2019, l’écart avait disparu : le taux d’emploi des immigrants reçu s’était hissé à 61% et il avait diminué pour les personnes nées au Canada à 61%. Une explication possible se trouve dans l’âge des travailleurs nés au Canada plus élevés que l’âge des immigrants reçus.
Entre avril 2019 et avril 2020, les deux groupes ont connu une forte diminution de l’emploi. L’emploi chez les immigrants avait chuté de 8% au début de la pandémie comparé à l’année précédente et de 6% pour les travailleurs nés au Canada. Cette perte d’emploi s’est traduite par un taux d’emploi d’environ 53 % pour les immigrants reçus et de 55% pour les travailleurs nés au Canada dans les trois mois jusqu’en avril 2020.
Alors que l’économie redémarrait, les immigrants reçus et les personnes nées au Canada sont retournés au travail, entre avril 2020 et avril 2021, l’emploi a repris à un rythme plus lent pour les immigrants que pour les autres. En avril 2021, le taux d’emploi des immigrants était de nouveau égal à celui des travailleurs nés au Canada, s’établissant à 59%. Néanmoins, les douze mois d’emploi plus faible chez les immigrants font craindre qu’ils souffrent plus de l’effet cicatrice sur le marché du travail, à savoir des conséquences à long terme sur le développement de leurs carrières à cause des périodes de chômage vécues.
Aller de l’avant
L’Étude d’opinion publique du Conseil de l’information sur le marché du travail (CIMT) a identifié les principales barrières à l’emploi chez les immigrants récents au chômage. Le manque d’expérience de travail canadienne est la première, suivie du manque de contacts professionnels et du manque d’éducation canadienne. S’attaquer à ces barrières en offrant une gamme de programmes d’appui pourrait aider à améliorer les résultats d’emploi des immigrants. Le CIMT continue de travailler avec le Partenariat local pour l’immigration à Ottawa et d’autres intervenants, pour examiner les résultats sur le marché du travail et les barrières à l’emploi pour les immigrants et d’autres groupes sous-représentés.
Bolanle Alake-Apata est économiste au Conseil de l’information sur le marché du travail.