Le Canada a été façonné par des gens venus des quatre coins du monde pour bâtir ce pays. La Semaine d’accueil à Ottawa offre une plateforme aux résidents d’Ottawa…

Alex Munter, président du Conseil du PLIO et président-directeur général du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario et Centre de traitement pour enfants d’Ottawa.
Historiquement, les immigrants ont toujours joué un rôle important à Ottawa. Ils participent à notre prospérité économique, diversifient notre culture et contribuent…

Jim Watson
Maire d'Ottawa
La Ville d’Ottawa continuera à jouer un rôle prépondérant pour la mise en œuvre de la Stratégie pour l’immigration à Ottawa, tout comme pour la fondation du PLIO.  

Steve Desroches
Conseiller municipal et maire suppléant d’Ottawa
Nous sommes très heureux d’avoir réalisé le rapport Le cout de renonciation de ne pas investir dans les services d’interprétariat – c’est tellement important de…

Hindia Mohamoud, directrice, PLIO
J’ai été heureuse de voir une programmation relative à l’intégration du territoire algonquin et à la culture autochtone dans le cadre de la SAO 2014. Veuillez…

Linda Manning
Agrégée supérieure, Université d'Ottawa
Les immigrants sont essentiels pour Ottawa. Il est crucial de reconnaître leur contribution à notre vitalité culturelle et économique.

Jessica Brichta
Le Conference Board du Canada
La SAO permet aux participants de sentir qu’ils font partie de la collectivité et elle permet à la collectivité d’améliorer sa capacité d’attraction et de rétention…

Caroline Andrew
Prefesseur, Université d'Ottawa
Le PLIO contribue à regrouper et à partager des ressources limitées en maximisant l’effet d’une approche collective dans le domaine de l’enseignement.

Walter Piovesan
Directeur adjoint en éducation, Ottawa Carleton District School Board
Le Collège Algonquin a vraiment accueilli le monde entier hier! D’Irak, d’Iran, ou de Russie, et bien d’autres pays, nous avons accueilli près de 150 nouveaux arrivants…

Collège Algonquin
Comité organisateur pour la SAO 2014
Le Centre de services communautaires chinois d’Ottawa est tellement heureux de s’être joint à la table sectorielle sur la santé et le bienêtre du PLIO. Il est clair…

Wendy Tang, Centre de services communautaires chinois d’Ottawa

L’interprétation comme facteur d’équité en matière de santé

April 30, 2021

Par Muna Asuman

Les immigrants et les réfugiés sont parmi les populations connaissant la plus grande croissance à Ottawa. Leur pourcentage dans la population ottavienne est passé de 21% à 22,5% de 2011 à 2016 pour un nombre total de personnes d’environ 200 000 (Statistique Canada, 2016). Bien que la plupart de ces personnes puissent s’exprimer dans une des deux langues officielles, ou les deux, et maitrisent d’autres langues (Statistique Canada, 2014), environ 14 000 immigrants et réfugiés à Ottawa ont une connaissance très limitée, ou aucune connaissance, de l’anglais ou du français (Statistique Canada, 2016). Par conséquent ils font face à des défis uniques pour accéder aux services.

Les immigrants et les réfugiés aux connaissances linguistiques limitées ont parfois besoin d’interprètes communautaires pour accéder aux services publics. Les interprètes communautaires sont des interprètes professionnels qui suivent des principes éthiques et des normes de pratiques, et qui sont formés pour faciliter l’accès aux services communautaires (Healthcare Interpretation Network, 2007). Le droit à un interprète communautaire dans sa langue est un droit fondamental ancré dans le droit canadien et les conventions internationales sur les droits humains. La Charte canadienne des droits et libertés reconnaît que les personnes ne comprenant pas ou ne parlant pas une des deux langues officielles ont le droit d’être assistées par un interprète quand elles accèdent aux services publics (partie I, article 14). Les interprètes communautaires sont le plus souvent nécessaires dans le système juridique et le système des soins de santé.

Au Canada, l’accès raisonnable à des soins de santé de bonne qualité par tous les résidents est à la fondation même de notre système de santé public (Loi canadienne sur la santé, 1985). Cependant, certaines personnes peuvent avoir un accès réduit à des services de santé de qualité en raison de leur faible connaissance des langues officielles. Des recherches ont montré les effets négatifs de ces barrières linguistiques dans la livraison des soins, le respect des traitements, et une guérison compromise ou prolongée en raison de ce problème. Offrir des services d’interprétation à ces personnes est impératif pour assurer l’équité en matière de santé au Canada.

Bien que l’accès à des services d’interprétation soit un droit humain fondamental et la responsabilité des institutions publiques, le fardeau de trouver un interprète retombe parfois sur les épaules des clients vulnérables. Dans de tels cas, les membres de la famille ou des amis agissent comme interprètes non formés. Bien que des interprètes non formés soient associés à des risques, n’avoir aucun interprète peut augmenter les chances d’erreurs, une compréhension limitée, et compromettre le consentement éclairé du client. Ainsi, une personne a le droit d’avoir accès à des interprètes communautaires, car ils sont formés pour être efficaces, précis, impartiaux, et ils contribuent à assurer la qualité et la sécurité des soins et ainsi atténuer les risques pour les clients.

En l’absence d’un interprète communautaire, des interprètes non formés, y compris des membres de la famille et des amis, sont souvent utilisés de façon ad hoc et parce qu’il y a une nécessité immédiate. Cependant, cela n’est pas recommandé. Une telle approche peut aussi désavantager des nouveaux arrivants et réfugiés qui n’ont pas de réseaux sociaux, et donc, n’ont pas accès à de l’interprétation. Le recours, pas toujours pratique, à des interprètes non formés peut aussi mener à un bris de confidence et la véracité des informations transmises peut être compromise. De façon générale, la disponibilité et la qualité de services d’interprétation ont des répercussions directes sur les soins et la sécurité des clients, et parfois, peuvent perpétuer des iniquités en matière de santé à cause des barrières linguistiques.

L’équipe d’action en matière d’information, de sensibilisation, de langue et d’interprétation de la Table sectorielle de santé et bienêtre du PLIO a réalisé un sondage auprès des fournisseurs de services pour examiner la situation quant à l’interprétation utilisée par les agences dans la région de Champlain et notamment l’impact de la COVID-19 sur la livraison de ces services.

Ce sondage montre que, dans la région de Champlain, la majorité des fournisseurs de services (60%) savent où et comment avoir accès à des services d’interprétation communautaire quand cela est nécessaire pour un client. Par ailleurs, selon les fournisseurs sondés, la plupart d’entre eux (74%) n’utilise pas de services d’interprétation communautaire sur une base régulière, et cet usage limité est resté constant avant et pendant la pandémie. Les raisons derrière la sous-utilisation de services d’interprétation par les agences devront être examinées plus en détails.

Il faut remarquer que le sondage montre que les fournisseurs de services prennent en considération les services d’interprétation communautaire seulement dans les cas où d’autres interprètes non formés ne sont pas disponibles. Ce recours excessif aux familles, amis et employés est un sujet d’inquiétude étant donné que les recherches ont toujours montré les risques associés à l’utilisation de tels interprètes.

Alors que les fournisseurs étaient partagés (oui : 58%; non : 42%) quant au fait de savoir si la COVID-19 aurait des répercussions sur les services, le sondage montre que la COVID-19 a présenté et des changements et des défis dans la livraison de services d’interprétation. Avant la COVID-19, la plupart des services d’interprétation (79%) étaient offerts en personne ou par téléphone. Comme attendu après la COVID-19, il y a eu une baisse dans les interactions en personne. Cependant il n’y a pas eu d’augmentation de l’interprétation par téléphone. Ce résultat signifie que, bien que les interactions en personne aient baissé, ce changement n’a pas mené à une augmentation des autres moyens de livrer des services d’interprétation. Cette lacune dans la livraison des services et ses implications devra être étudiée.

Dans les réponses qualitatives, les fournisseurs de services ont mentionné plusieurs problèmes reliés à, ou exacerbés par, la COVID-19. Plus précisément, les fournisseurs indiquent que les mesures sanitaires prises pour lutter contre la pandémie ont rendu difficile l’accommodement des clients ayant des besoins d’interprétation tout en respectant les mesures sanitaires. Un fournisseur a mentionné que parfois garder la distanciation physique mettait en danger la confidentialité du client car la distance était imposée précisément pour l’interprète communautaire et pas nécessairement pour les membres de la famille. Un autre fournisseur a mentionné une recrudescence des demandes auprès des établissements de santé quand les clients avaient besoin d’un interprète comme personne additionnelle qui devait être soumis à un test avant d’entrer dans l’établissement. En outre, pour garder le nombre de personnes dans une pièce au minimum, les clients n’ont pas pu parfois être accompagnés par un membre de la famille, qui aurait pu fournir de l’interprétation en l’absence d’un interprète communautaire.

Ce sondage était le premier de ce genre à s’intéresser au problème de l’utilisation de l’interprétation dans le contexte de la pandémie. Les résultats indiquent que les services d’interprétation ne sont pas utilisés régulièrement par les fournisseurs de services et que la COVID-19 a mené à des changements et posé de nouveaux défis en matière de livraison de services d’interprétation. Enfin, le sondage souligne aussi que plusieurs problèmes nécessitent un examen plus approfondi, comme les raisons de la sous-utilisation des services d’interprétation, les lacunes dans la livraison des services à cause de la COVID-19, et le processus décisionnel des fournisseurs en l’absence d’interprètes communautaires.

Muna Osman est chercheuse et analyste d’impact à PLIO.