Visionnement documentaire : In the Shadow of Gold Mountain
June 23, 2017Bibliothèque publique d’Ottawa, 120 rue Metcalfe, Auditorium (En anglais)
La discussion qui suivra le visionnement mettra en vedette :
Tim Stanley – professeur à l’Université d’Ottawa dont la spécialisation est les Chinois au Canada et qui enseigne les histoires d’exclusion raciale et les représentations historiques.
Yew Lee – Le père de Yew, Foo Lee, a payé 500 dollars de taxe d’entrée quand il est arrivé au Canada en 1913. Il a dû emprunter pour la payer et le montant des remboursements avec intérêts sur 20 ans représente l’équivalent d’une hypothèque sur une maison. La loi d’exclusion des Chinois a aussi empêché sa mère, son père et ses frères et sœurs d’être ensemble pendant 14 ans. En 2000, Yew et sa mère, ont rejoint les plaignants du recours collectif contre le gouvernement fédéral. Yew et sa mère apparaissent dans ce film.
Une lueur d’espoir
Par Leah Geller
Ma nièce Rachel, qui est en 9e année, n’aime pas l’histoire. Je la comprends; je n’aimais pas l’histoire non plus quand j’étais à l’école. Nos manuels et enseignants ne parlaient presque que des premiers ministres, de capitaines, de batailles et de victoires.
Mais récemment, j’ai commencé à être fascinée par l’histoire canadienne, particulièrement par ces histoires importantes que nos livres d’histoire ne nous racontaient pas. Je suis devenue captivée par notre passé caché et les injustices que, pendant des années, notre pays a semblé vouloir oublier.
Comme la cruauté imposée aux immigrants chinois. Après avoir exploité les ouvriers chinois pour construire le chemin de fer qui relie le pays d’un océan à l’autre, le gouvernement canadien a fait tout ce qu’il a pu pour empêcher les Chinois de s’établir ici, y compris les femmes et les enfants de ces hommes. Il a imposé une taxe d’entrée prohibitive sur les Chinois de 1885 à 1923, et ensuite une interdiction d’entrée complète jusqu’en 1947, créant par là-même des milliers de familles séparées.
La réalisatrice Karen Cho raconte cette histoire remarquable dans son documentaire In the Shadow of Gold Mountain. Elle a interviewé ceux qui ont souffert de l’humiliation et du fardeau financier de la taxe d’entrée et de la loi d’exclusion, et ceux qui se sont battus pour que soient réparées ces horribles injustices.
J’ai pleuré en voyant son documentaire. Il m’a fait pensé à mes amis canadiens-chinois, et à comment leurs parents et grands-parents ont dû se battre pour être acceptés ici.
Cela m’a aussi fait penser aux autres squelettes qui remplissent le placard de l’histoire canadienne – comment nous avons refusé près de 1 000 immigrants juifs pendant la seconde guerre mondiale, dont beaucoup ont péri une fois retournés en Europe. L’internement des Canadiens japonais. L’interdiction du droit de vote pour les minorités visibles. La cruauté indescriptible infligée à ceux qui ont habité les premiers ce pays, y compris l’horreur des écoles résidentielles, la tentative délibérée du gouvernement canadien de détruire les peuples autochtones, leurs langues et cultures, et le traumatisme qui en résulte, génération après génération.
Le documentaire m’a aussi fait penser à ma nièce Rachel, qui est née en Chine et a été adoptée par la famille de mon frère ici au Canada. Son expérience en tant que Canadienne chinoise est tellement différente de celle des générations passées. Elle vit dans une société multiculturelle où, du moins constitutionnellement, tous les Canadiens jouissent des mêmes droits et libertés, nonobstant leur race, religion ou pays d’origine.
Rachel est à un point tournant de sa vie, de l’enfance à la vie adulte en passant par cette phase bizarre qu’est l’adolescence. Et il semble que le Canada atteint cette majorité également. C’est comme si ce pays, notre identité, est maintenant assez fort pour reconnaître nos faiblesses et s’excuser de ses fautes. Le Canada est en train d’accepter son passé, le bon comme le mauvais.
Alors que nous célébrons le 150e anniversaire du Canada, soyons courageux et curieux d’étudier toute notre histoire, y compris nos erreurs les plus graves, afin que nous puissions apprendre d’elles. Faisons la lumière sur les secrets les plus noirs de notre passé afin que nous fassions mieux dans le futur. C’est la seule façon d’aller de l’avant.
En juin 2006, le Premier Ministre Harper a présenté ses excuses pour cette période honteuse de racisme gouvernemental contre les Canadiens chinois, qui a duré 62 ans. Dans le cadre de ces excuses officielles, un paiement symbolique en guise de réparation a été donné aux survivants de la taxe d’entrée et à leurs épouses. Ces survivants représentaient moins de 2% des 81 000 personnes qui ont payé cette taxe.