La plus grande murale en ville, intitulée Transformation, est dévoilée dans la Basse-Ville
November 20, 2018Si vous conduisez ou marchez le long de la rue Rideau, dans sa partie ouest, ou si vous traversez le Pont Cummings entre la Basse-Ville et Vanier, il est difficile de rater la magnifique murale qui orne la façade sud d’un bâtiment de Logement communautaire Ottawa (LCO) situé au 215 rue Wurtemburg. La murale Transformation : Ottawa accueillante a officiellement été dévoilée lors d’une cérémonie le 3 novembre dernier.
Les murales en plein air peuvent amener de la vie et du caractère à des quartiers et contribuer à la fierté des habitants. Mais ce qui rend cette murale encore plus exceptionnelle, c’est son histoire.
« Cette murale est plus qu’une œuvre d’art » raconte Claudia Salguero, l’artiste canado-colombienne qui a dirigé le projet rassemblant 64 bénévoles de toute la ville pour peindre et vernir chacune des 68 morceaux 4 par 4 d’aluminium qui, assemblés, constituent la plus grande murale à Ottawa. « Elle représente toutes nos voix, et livre un message fort sur le vivre ensemble, la confiance et le sentiment d’appartenance. Ce message est particulièrement important dans ces temps difficiles où les discours de division se font aussi présents. »
Cette murale a été inspirée par la Semaine d’accueil à Ottawa, une série annuelle d’événements qui montre l’hospitalité authentique de la ville et son appréciation envers les nouveaux arrivants venus du monde entier qui arrivent chaque année dans notre communauté pour venir faire partie du Nous. En représentant la Semaine d’accueil à Ottawa toute l’année, cette murale est un rappel que l’immigration et notre diversité font d’Ottawa une ville plus forte et plus vibrante.
Le concept de la murale, qui comprend un papillon avec des ailes faites d’yeux représentés par différentes couleurs, a été élaboré grâce à des séances de remue-méninges à travers la ville, organisées par Claudia avec les résidents venus de tous les horizons.
Les bénévoles impliqués dans la création des pièces de la murale viennent de 32 pays différents. Le développement de la murale a aussi été rendu possible grâce à la participation spéciale d’artistes anishinaabek.
La murale a pu être créée grâce à 147 heures données par les bénévoles et 49 séances de peinture dans trois lieux différents. LCO et ses locataires sont fiers d’offrir un lieu d’accueil à la murale. Une des locataires, Barbara Fosi, a dit que faire partie de ce projet a été un véritable tournant. « J’ai vécu une vie recluse pendant presque 10 ans, mais avant j’étais impliquée dans la communauté artistique. Quand j’ai entendu parler du projet et que j’ai rencontré Claudia, je me suis dit, cette fois-ci j’y vais. Les gens ont besoin de mieux comprendre les personnes venues d’ailleurs parce que bien souvent nos idées préconçues ne sont pas correctes. »
Barbara raconte également l’histoire d’une locataire qui, en descendant du bus, a vu la murale et a dit, les larmes aux yeux, que le papillon signifiait la transformation et qu’elle pouvait s’identifier avec cette représentation car elle ressemblait à son propre parcours.
« C’est un honneur pour LCO de pouvoir montrer ce projet parce que c’est un objet de fierté pour les locataires, et ce, pour les années à venir » ajoute Stéphane Giguère, PDG de LCO. « Le concept de la murale a été le résultat d’un processus très inclusif et collaboratif. Le produit final reflète la diversité de notre ville et des communautés de LCO. »
Une autre peintre de la communauté, Charlotte Aki Stevens, membre de la nation algonquine anishinabeg de Maniwaki, a été inspirée par la nature transformative du projet. « J’ai été honorée de faire partie de cette murale qui a beaucoup de significations et rassemble de nombreuses cultures » fait remarquer Charlotte. « Nous avons besoin de créer plus d’œuvres comme ça parce c’est thérapeutique et que ça aide à briser les barrières et à rassembler les gens. »
Le plus jeune peintre, Mathieu Rollin, 10 ans, a résumé très simplement la situation « J’ai vraiment adoré faire partie de ce projet! »
La Conseillère municipale de Somerset et membre du CA de LCO, Catherine McKenney, qui a participé au dévoilement de la murale, et représentait Mathieu Fleury, conseiller de Rideau-Vanier, a dit que cette murale lui rappelait que chacun faisait partie de l’humanité. « C’est formidable de vivre dans une ville qui redonne les bâtiments aux gens qui les habitent. »
« L’art a un rôle important à jouer dans le développement communautaire et l’intégration des nouveaux arrivants. Il nous aide à mieux communiquer, à des niveaux viscéral et émotionnel, il permet de créer des relations humaines au-delà du conditionnement social » ajoute Hindia Mohamoud, directrice du PLIO. « Nous sommes très heureux de dévoiler aujourd’hui la murale Transformation : Ottawa accauillante, qui a été créée par la communauté et pour la communauté afin de célébrer l’accueil d’Ottawa envers les nouveaux arrivants et notre diversité florissante. »
Lors du dévoilement, Hindia a remis à Claudia un Prix d’ambassadeur d’accueil à Ottawa pour la réussite de son engagement communautaire et la production collaborative de la murale Transformation. « Un grand merci va à l’artiste qui a géré le projet, Claudia Salguero. Grâce à sa créativité, sa ténacité, son travail acharné et sa capacité unique à rassembler autant de bénévoles de partout en ville, cette murale est devenue réalité » explique Hindia.
« La signification de ce projet va bien au-delà du quartier où la murale se trouve, c’est à propos de la reconnaissance; la reconnaissance des valeurs que sont le dur labeur et la détermination que partagent tellement de personnes venues de partout au monde ici chez nous » ajoute Hindia. « Ottawa accueille environ 12 000 personnes chaque année avec leurs rêves et leurs aspirations à réussir. Les récits de milliers de personnes – d’hommes, de femmes, d’enfants – qui arrivent dans notre communauté chaque année et les changements que leurs efforts apportent à la croissance et à la vitalité d’Ottawa demeurent largement inaudibles. Ainsi la murale Transformation : Ottawa accueillante est le symbole de notre reconnaissance collective envers les contributions apportées par les nouveaux arrivants à notre ville » conclut Hindia.
Pour finir, Claudia a dit que, même si pour une raison quelconque la murale n’avait pu être installée, le seul fait d’avoir été réalisée ensemble montre que le projet a été une véritable réussite. Autrement dit, au fil du processus, il est apparu évident que chacun a appris les uns des autres, a grandi et ultimement est devenu plus fort. « Je me sens choyée par la confiance et le soutien apportés par les 64 personnes qui ont participé à une création qui, en soi, est plus que la somme de chacun d’entre nous » affirme Claudia.
Le projet a été rendu possible grâce à un partenariat entre le Partenariat local pour l’immigration d’Ottawa, Logement communautaire Ottawa, le Cercle des locataires du 215 Wurtemburg, et le Centre de ressources communautaires de la Basse-Ville. La murale a reçu du financement de la part du Fonds pour la diversité dans les arts de la Ville d’Ottawa, ainsi que Prévention du crime Ottawa et de Logement communautaire Ottawa.